La manufacture croisée de l’éducation populaire et droits culturels
L’Assemblée générale (AG) de Peuple et Culture en 2020 a souhaité relancer l’actualisation des pratiques et méthodes développées au sein du mouvement par une analyse réflexive intégrant les questions que posent l’exercice des droits culturels. Notre finalité est celle de la transmission, à la fois au sein du réseau et à l’extérieur dans un mouvement à double sens, en s’enrichissant également de pratiques extérieures.
Créer des liens de partage et de travail avec d’autres associations est à la fois une envie et une nécessité. La transmission ne peut pas faire l’économie du travail d’analyse. Les militant·es de l’éducation populaire, quel que soit leur statut, bénévole ou professionnel, ne peuvent pas réduire leur travail au niveau de la technique, de la seule maîtrise d’outils. L’intention est première. Les méthodes sont construites comme des expérimentations, des moyens pour rendre concrète et vivante l’intention. Aussi nous souhaitons par ce travail mettre en lumière la diversité de méthodes et pratiques du mouvement, à la fois les contradictions et les points communs, les liens et les écarts entre les intentions et les actions.
Le contexte
En 2019, suite à la participation de Peuple et Culture Corrèze à l’expérimentation menée en région Nouvelle Aquitaine, le mouvement Peuple et Culture a souhaité introduire le sujet des droits culturels comme une nouvelle manière de penser ses pratiques associatives. Des temps de formation ont été l’occasion d’opérer une réflexion critique nous conduisant à nous poser un ensemble de questions, notamment sur la notion d’accès à la culture. Lorsque nous évoquons dans nos projets le fait de rendre accessible la culture à toutes et tous, de quelle culture parle-t-on ? Certaines personnes seraient-elles dépourvues de culture ? En maîtrisant ce que recouvre la notion de droits culturels, serions-nous en mesure de décrire plus clairement le sens et la valeur de nos actions ? Reconsidérer l’intérêt général à partir des droits humains fondamentaux nous permettrait-il une meilleure compréhension de l’articulation entre la sphère éthique de nos pratiques et la sphère publique ? Nous pressentons des passerelles conceptuelles et de pratiques qui ont une portée transformatrice, et qui ont rencontré une des grandes orientations votées lors de l’AG de Peuple et Culture en 2020.
Pour aller plus loin sur les droits culturels
Par l’actualisation et la transmission de ses méthodes et pratiques, nous souhaitons poursuivre la démarche réflexive qu’a toujours développée Peuple et Culture. Nous souhaitons également mieux comprendre ce que l’éducation populaire et les droits culturels ont à s’apporter mutuellement, en élaborant un savoir qui permet à Peuple et Culture et aux militant·es de l’éducation populaire de construire un discours et un positionnement éclairé et éclairant sur le croisement entre éducation populaire et droits culturels. Un groupe de travail a été créé pour opérationnaliser cette orientation. L’enjeu de la mission du groupe d’identifier une méthodologie systématique, rigoureuse et acceptée par tous et toutes a guidé notre choix vers la recherche-action menée en collaboration entre Peuple et Culture et le laboratoire Larac de l’Université Grenoble Alpes.
Une recherche-action collective impliquée qui vise la transmission à la fois comme finalité et processus
Notre travail de recherche-action souhaite être une réponse méthodologique à notre démarche qui vise la transmission à la fois comme finalité et processus, avec pour objectifs de :
Construire un cadre méthodologique pour récolter, analyser, formaliser, transmettre les pratiques et méthodes d’éducation populaire au sein d’un travail collectif.
- Intégrer les apports de la rigueur méthodologique d’une démarche scientifique en sciences sociales pour construire de la connaissance à partir d’un travail de récolte et d’analyse collective des pratiques et méthodes.
- Construire une méthodologie qui facilite la stratégie du mouvement Peuple et Culture d’intégrer les questions que posent les droits culturels dans le travail d’analyse.
- Élaborer un cadre méthodologique qui favorise l’expérimentation collective de pratiques, ici l’analyse collective de pratiques et méthodes dans une démarche de recherche-action.
Construction d’une grille d’analyse globale combinant les concepts de l’éducation populaire et des droits culturels
A partir de la définition des concepts de l’éducation populaire, des droits culturels, de leurs dimensions et composantes, nous avons élaboré une grille d’analyse commune. Celle-ci a pour vocation de servir de grille de lecture pour l’ensemble des pratiques et méthodes identifiées au sein du mouvement Peuple et Culture. Elle est présentée sans les indicateurs qui sont à ajuster et à adapter pour chaque méthode de récolte et en fonction des pratiques. Dans notre processus de recherche-action, elle sera réactualisée en fonction des résultats obtenus. Elle pourrait servir d’outil d’analyse aux acteurs et actrices de l’éducation populaire qui souhaitent analyser leurs pratiques et s’approprier la question des droits culturels.
Identification et sélection de pratiques et méthodes de Peuple et Culture
Nous avons procédé en deux étapes pour réaliser ce travail : une première consistant à solliciter les associations du Mouvement ; une seconde par la mise en place d’entretiens exploratoires auprès de chacune des associations. A l’issue des entretiens exploratoires, le groupe a choisi de poursuivre son travail de récolte et d’analyse en regroupant les pratiques communes ou s’inscrivant au sein d’une même thématique sociale, culturelle ou éducative. Il nous semble intéressant de croiser les regards des associations sur leurs pratiques afin de développer une analyse plus riche et répondre à notre problématique. En effet, procéder à une analyse croisée par thématique est un cadre qui place la situation d’analyse-même comme un temps de transmission pour les personnes qui y participent.