Education populaire, actions culturelles et artistiques : une autonomie en péril face aux pouvoirs politique et économique ?
Le 05/12/2025
94, Rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris, France
Cette autonomie existe-t-elle encore ? Comment résister aux pressions politiques et économiques ? Entre inspirations belges, enjeux d’hospitalité linguistique et débats, explorons ensemble des pistes pour une éducation populaire libre et solidaire.
À sa création en 1945, Peuple et Culture et ses fondateurs et fondatrices ont affirmé la nécessité d’une sphère culturelle et artistique autonome, face aux influences politiques et syndicales dominantes de l’époque (gaullisme, Parti Communiste). Aujourd’hui, cette journée interroge : cette autonomie existe-t-elle toujours ? Comment les champs culturels et artistiques résistent-ils ou s’adaptent-ils aux pressions politiques et économiques actuelles ?
Le programme de la journée
Matin : Ateliers ouverts à tou·te·s (10h-12h, sur inscription)
Atelier 1 - Modèle associatif belge : quelles inspirations pour la France ? - Peuple et Culture Wallonie-Bruxelles
En Fédération Wallonie-Bruxelles, le décret de 2003 sur l’Education permanente reconnaît et finance structurellement les associations qui favorisent la citoyenneté active et défendent les droits sociaux, culturels et environnementaux. La Communauté Française soutient explicitement des initiatives qui questionnent le fonctionnement des institutions, favorisent la démocratie culturelle et renforcent l’expression des contre-pouvoirs.
Cet atelier explorera comment ce modèle, où le financement public permet de soutenir les associations qui s’inscrivent dans une perspective d’émancipation des publics et de transformation sociale, pourrait inspirer la France.
Ne nous leurrons pas cependant : dans le climat de guerre culturelle actuel, les conditions qui ont présidé à l’émergence de ce Décret durant les années septante sont loin d’être réunies. Peut-être est-il temps à ce propos de tirer les leçons de l’histoire en rappelant que ce résultat a été rendu possible grâce à l’alliance entre différents mouvements sociaux qui ont choisi délibérément de converger dans le domaine de l'éducation des adultes pour défendre une cause commune...
Comment dès lors envisager aujourd’hui le financement de structures qui ne se contentent pas d’accompagner les projets, mais qui osent assumer un point de vue critique, innover voire créer des alternatives ? À partir d’exemples concrets, nous discuterons des conditions pour qu’un tel système renforce l’autonomie des acteurs associatifs et culturels face aux pressions politiques et économiques.
Atelier 2 - Hospitalité et sensibilité : repenser l’apprentissage des langues - Entre&Avec
Apprendre une langue ne se limite pas à maîtriser des règles grammaticales ou à obtenir un diplôme. C’est d’abord une question de rencontre, d’écoute et de légitimité. Comment créer des espaces où chacun·e se sent accueilli·e, où les échanges naissent sans pression, où les parcours et les langues sont valorisés ? Cet atelier s’appuiera sur des pratiques qui placent l’hospitalité, le sensible et le faire-ensemble au cœur de l’apprentissage. Nous partagerons des outils pour désacraliser la langue, sortir des cadres formels et expérimenter des méthodes où l’erreur devient un moteur, où les savoirs circulent librement, et où l’objectif n’est pas la performance, mais la confiance et le plaisir de communiquer. À travers des mises en situation et des retours d’expérience, nous interrogerons : comment repenser l’accueil des personnes allophones pour que l’apprentissage devienne un acte d’émancipation, bien au-delà de la salle de classe ?
Après-midi : Table-ronde et échange avec la salle (14h-17h)
Intervenant·e·s
- Jean de Munck, philosophe et sociologue, spécialiste des enjeux de démocratie et de reconnaissance dans les politiques culturelles, interroge les tensions entre émancipation collective et logiques managériales dans le champ artistique.
- Alice Vivier, directrice de la Maison des Métallos – établissement culturel de la Ville de Paris et lieu historique de résistance syndicale et d’expérimentation artistique –, porte une vision ancrée dans l’héritage militant et la création contemporaine.
- Viviane Aquilin (Iskra), représentante d’une coopérative audiovisuelle militante, défend des modèles alternatifs de production culturelle, loin des diktats économiques.
- Animation : Alice-Anne Jeandel, Observatoire des Politiques Culturelles
Soirée (à partir de 18h)
Temps d’échange informel autour d’un verre